J’ai aimé ce recueil qui parvient à explorer l’initiation de
multiples façons. On retrouve bien évidemment la jeune vierge hétéro habituelle
(avec son étonnante dextérité de star du porno, ses orgasmes tonitruants et son
sang qui coule à point nommé), difficile d’y échapper, je pense qu’il s’agit là
d’un fantasme bien ancré dans la libido masculine, mais le plus souvent, les
auteurs ont inventé d’autres codes, avec beaucoup de bonheur.
Nous avons, dans le désordre, l’initiation à l’anatomie
clitoridienne, à la cage pénienne, au BDSM, au sexe tarifé, au fétichisme, à la
fessée, au triolisme, à la perversité, à l’amour après un traumatisme, à l’orgie
dionysiaque et à toutes les manières de pécher sans concevoir.
Mes nouvelles
préférées sont celles qui cumulent une bonne histoire avec un fort
potentiel érotique.
Le pouvoir doit
changer de camp d’Alexandra Sceaux : le ton est original, on croirait
entendre les confidences d’une copine délurée. J’ai trouvé très excitante cette
version féminine du fantasme du sexe tarifé, et que dire du fétichisme des
pieds ? J’adore, on n’en parle pas assez souvent. À quand un « Osez 20… » entièrement
dédié à nos pinceaux ?
La voix du sang de
John Black Fox : ambiance noire, cynique, violente, très originale,
suspens tendu, même sans partager ce type de fantasme limite, on reste
difficilement de marbre tellement c’est bien écrit.
Initiation au déluge de Joâo Miguel Baile Dos
Passarinhos : univers post-apo fantasmagorique, vocabulaire au couteau, j’aime
beaucoup cette frontière poreuse entre le rêve et la réalité, ça foisonne de
partout, un peu comme chez David Lynch. L’idée du mille-feuille humain (une
couche d’hommes, une couche de femmes, une couche d’hommes, et ainsi de suite)
m’a particulièrement enthousiasmée.
La veuve et l’orphelin
d’Eugénie Daragon : nous voilà dans le Paris de la Cour des Miracles, ses
odeurs, ses couleurs, avec un texte drôle, enlevé, original et terriblement
efficace. Eugénie Daragon ne mâche pas ses mots, lapidaires et soigneusement
choisis, elle trousse ses phrases, j’aime beaucoup son sens de la formule et
ses personnages. Si elle décidait d’écrire tout un roman, ce serait formidable.
Les nouvelles
particulièrement excitantes — catégorie la plus subjective tant les goûts
peuvent varier en matière d’érotisme, cela dit la qualité de l’écriture et la
crédibilité des situations aident beaucoup au décollage.
Joyeux divorce d’Edmonde
Va : la relation finissante entre les personnages donne un vrai relief à
leurs ébats et ça fonctionne.
Clara et moi de
Marie Baumann : belles scènes lesbiennes et de triolisme très affriolantes.
L’éducation de Sasha
de Julie-Anne de Sée : rondement mené et bien écrit, le BDSM classique
produit toujours son petit effet…
Les nouvelles dont j’ai
surtout apprécié l’écriture, l’univers, l’intrigue. Et l’originalité !
Éclipse d’Anaël
Verdier : un intriguant processus d’initiation à l’aide d’une cage de
chasteté, un sabbat de sorcières… ça donne presqu’envie de zapper les scènes de
sexe pour en savoir plus.
Darius a dit de
Lunatik : univers post-apo et personnages intéressants, une nouvelle plus
longue serait sans doute nécessaire pour le développer encore mieux.
Coups de cœur sur des points ciblés :
L’écriture
chaude et précise pour une véritable leçon de Prax dans Brevet d’aptitude, une belle scène lesbienne dans Sextoy story de Cornelia B. Ferrer, du joli BDSM sans violence dans Mémoires d’Adrien d’Arnaud Vauhallan, la
belle plume de Dionys Florès dans Une
première fois chez Charlène, l’ambiance jeunes filles en fleurs de Cyrielle
Lenge pour La brosse à cheveux, et les
personnages attachants de Zakya Gnaoui dans Amoureux
solitaires (et merci pour la chanson qui reste dans la tête !).
Les autres nouvelles sont agréables
aussi, elles ont toutes leurs originalités et leurs forces, finalement c’est surtout une
question de goûts, de préférences, de points de vue, d’envies, parfois même une
question de moment, de semaine et d’heure.
Bon, maintenant je vais me lancer dans Osez 20 histoires
érotiques racontées par des femmes, je m’en réjouis, c’est le cas de le
dire.
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