mercredi 22 mars 2023

Les classiques de la littérature érotique

 

Mais pourquoi s’intéresser à des vieux livres ?

 
Les classiques érotiques ouvrent une fenêtre fascinante sur la sexualité à travers l’Histoire, sur les normes sociales et les tabous, mais les classiques ravissent aussi pour leur valeur artistique, certains sont de véritables curiosités. Avis aux collectionneurs !

Car hormis les habituels Sade, Apollinaire ou Pierre Louÿs que tout le monde a lu, il existe des ouvrages anciens très beaux et moins célèbres. En voici sept.
 

1. Le Surmâle, roman moderne

 
Alfred Jarry (1902)

Plusieurs amis discutent des choses de l’amour et imaginent quelles seraient les qualités d’un homme capable de satisfaire indéfiniment une femme. Ils se mettent en tête de découvrir un tel surmâle, quitte à le doper si besoin.

Pourquoi le lire ? Parce que ça mêle le sport, la science, l’amour, le sexe et la philosophie : la quête d’une forme d’omnipotence technologique face au désir de performance absolue. Et bien entendu pour l’écriture succulente de Jarry, drôle et absurde.

Citation : « L’amour est un acte sans importance, puisqu’on peut le faire indéfiniment. »

 

2. Le Roman de la luxure

 
Anonyme (1873)

Son mystérieux auteur et ses qualités littéraires font de ce roman pornographique anglais une curiosité de l’ère victorienne, longtemps distribuée clandestinement. Le jeune Charles y raconte avec complaisance et grand luxe de détails anatomiques son initiation sexuelle par une femme mariée, aux formes généreuses et au tempérament de feu.

Pourquoi le lire ? Pour la naïveté délibérée du narrateur et des joyeux personnages qui mélangent allègrement leurs fluides, faisant fi de toute morale ou de leurs liens familiaux. Pour le plaisir snob de découvrir un livre rare, souvent méconnu des amateurs de littérature érotique.

Citation : « L’idée que j’enfilais mes parties les plus secrètes dans celles d’une femme me fit éprouver une sensation de plaisir des plus ravissantes. Prêt à devenir fou par l’intensité de mon bonheur, j’activai à la fin mes mouvements, ma charmante compagne en fit autant, et nous lâchâmes ensemble la plus copieuse et la plus délicieuse décharge. »
 

3. Gamiani ou deux nuits d’excès

 
Alfred de Musset  (1833)

Cet ouvrage, qui circulera d’abord clandestinement dans les salons parisiens, raconte l’histoire de deux femmes, Gamiani et Alcide, qui partagent leur vie et leurs expériences sexuelles avec Fanny, une jeune fille naïve. À l’aide de descriptions très graphiques, il explore les thèmes de la domination, de la soumission et de la bisexualité. Entre pornographie et drame romantique, ce récit matérialise le dilemme cher à son auteur de la recherche de la pureté et de la dépravation la plus vile.

Pourquoi le lire ? Dans ce roman lyrique où la mort côtoie l’érotisme, Éros rejoint Thanatos. Superbement écrit, il allie les plaisirs de la chair au plaisir de la littérature, tout en interrogeant sur le libertinage qui semble apporter à ses personnages plus de désespérance que de jouissance.

Citation : « Infernale lubricité !... Je n’avais plus la force de m’ôter de ma place. Ma raison était perdue, mes regards fascinés. Ces transports furibonds, ces voluptés brutales me donnaient le vertige. »
 

4. Mémoires de Fanny Hill

 
John Cleland  (1749)

Considéré comme le premier roman érotique de l’Histoire, « Fanny Hill » décrit l’arrivée d’une fille sans le sou à Londres, contrainte de faire commerce de son corps pour survivre, qui devient l’idole des aristocrates londoniens et découvre les douces perversions de ses contemporains.

Pourquoi le lire ? L’élégance de la plume et le texte qui malgré son extrême libertinage, présente une suite d’estampes qui brossent un parfait tableau des mœurs anglaises du XVIIIe siècle. La vie d’alors y vibre avec un accent de vérité incontestable. Récit sans violence, plein de bonne humeur et de joie de vivre.

Citation : « Le feu de la nature, qui avait été caché si longtemps, commença à développer son germe ; et je connus pour la première fois que j’étais une fille ».
 

5. La Merveilleuse Histoire de Hsi Men avec ses six femmes

Lanling Xiaoxiao Sheng (1596)

Les exploits d’un apothicaire célèbre pour ses vices. Parmi ses nombreuses maîtresses, la délicieuse Lotus d’Or, célèbre pour sa redoutable libido. L’auteur, dont la véritable identité reste encore aujourd’hui incertaine, le publia sous pseudonyme. Ce roman érotique décrit, en 100 chapitres et 120 poésies, la vie d’un riche viveur avec ses femmes (épouses, concubines, servantes). Considéré comme le quatrième des Quatre livres extraordinaires de la littérature chinoise (dynastie Ming), les premières moutures du roman n’existent qu’en version manuscrite.

Pourquoi le lire ? Pour la sensualité souveraine et l’exotisme de la Chine.

Citation : « Combien faut-il de gouttes printanières pour entrouvrir la rose corolle de la fleur de pêcher, quel vent saurait amener la verte feuille du saule à se renverser ? »
 

6. Le portier des Chartreux


 

Jean-Charles Gervaise de Latouche (1741)

 
Les aventures licencieuses d’un prêtre débauché, roman d’initiation au plaisir, il s’agit d’un plaidoyer contre la luxure du clergé de l’époque.

Pourquoi le lire ? Son style vif et faussement naïf parvient à suggérer avec force l’émotion suscitée par les mystères de la sexualité. La dimension militante de la libération des corps.

Citation : « Séduites en naissant par l’attrait du plaisir, c’est à lui que nous en offrons le premier sentiment. Heureuses celles dont le tempérament ne s’effraye pas des conseils austères de la raison. »
 

7. Le Rideau levé ou l’éducation de Laure

 
Mirabeau (1786)

Correspondance entre Eugénie et son amie Laure, jeune femme qui confesse comment son initiation sexuelle et les enseignements de son beau-père lui permirent de connaître son corps et de parvenir au plaisir.

Pourquoi le lire ? Pour l’éloquence vertigineuse de Mirabeau, et une histoire d’une grande finesse.

Citation : « Il est heureux que j’aie pour elle la tendresse que vous me voyez : ce que les conventions et les lois ont établi, la nature ne l’a pas fait ; ainsi brisons là-dessus. »

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